Cette pratique va-t-elle disparaitre ?
Petit rappel historique : La kiné respiratoire a été inventée par la médecine anglo-saxonne au début des années 60 et intégrée en France au cours de cette décennie. On pratique alors le « clapping » (petite tape sur la cage thoracique pour « décrocher » le mucus), le drainage postural et les expirations forcées pour évacuer le mucus et les sécrétions bronchiques. Cette approche a été définitivement invalidée en France en 1994.
Au début des années 79 se développent en France les AFE (Accélération du Flux Expiratoire) qui reprennent les expirations forcées anglo-saxonnes et les enrichissent.
Dans le courant des années 90, les AFE évoluent en Belgique pour devenir les ELP (Expiration Lente Prolongée) beaucoup plus psychologique comme validé par l’étude belge de 2004
Cette technique est retenue par la conférence de consensus de l’URML d’Île de France de septembre 2000, elle-même reprise par l’HAS le mois suivant
L’HAS en octobre 2000 déconseille donc les mucolytiques (risque d’étouffement et d’aggravation des symptômes) et les bronchodilatateurs (jugés peu efficaces) et encourage la kinésithérapie respiratoire, les antibiotiques, l’oxygène en cas de détresse respiratoire et éventuellement la cortisone.
Le coup de théâtre de 2012
La kiné respi prospère donc de 2000 à 2012, puis, coup de théâtre : la revue Prescrire, très écoutée des médecins généralistes français, publie un résumé de plusieurs études internationales datant de 2000 à 2006 concluant à l’inutilité de la kinésithérapie respiratoire et de sa potentielle dangerosité ( du petit hématome, de l’irritation des bronches à la fracture de côte)
Malgré des imprécisions sur les techniques utilisées par les kinés : AFE ou ELP (où la fracture de côte n’est théoriquement pas possible) le verdict des généralistes français est très clair : les prescriptions de kiné pour bronchiolite se réduisent de 80% dans les semaines qui suivent ; Exit l’étude belge de 2004
La kiné respi aujourd’hui
7 ans plus tard, la HAS et le CNPP (Conseil National Professionnel de Pédiatrie) définissent 3 stades de gravité :
- Stade 1 : alimentation supérieur à 50% : simple lavage de nez et surveillance
- Stade 2 : alimentation inférieure à 50% : lavage de nez et surveillance accrue
- Stade 3 : forme grave, orienté vers l’hopital avec oxygénothérapie si nécessaire
La kinésithérapie a pour seul rôle de contrôler l’état de l’enfant et l’efficacité du lavage de nez par les parents.
Bon travail pour les cabinets spécialisés et les réseaux bronchiolites installés depuis parfois 25 ans… Affaire à suivre dans les semaines prochaines